passions religieuses étaient trop surexcitées, les excès de certains catholiques avaient trop attiré l’attention sur le « péril clérical » pour que la laïcisation s’opérât avec le calme et la mesure qui eussent convenu. Les républicains ne s’avisèrent point du danger de mêler la politique à l’éducation ; les idées généreuses et un peu utopiques dont ils s’inspiraient leur dissimulaient ce danger ; ils ne prirent pas assez de peine pour tenir leur loi scolaire au-dessus des querelles du jour.
La loi supprimait la « lettre d’obédience », simple certificat délivré par le supérieur d’une congrégation et qui tenait lieu de brevet de capacité à celui qui le recevait. Ce traitement privilégié constituait une profonde injustice à l’égard des instituteurs laïques : on s’étonne qu’un semblable régime ait pu subsister si longtemps. Les catholiques, eux, ne comprirent pas à quel point la lettre d’obédience choquait les instincts les plus légitimes de la démocratie ; il eût été habile de leur part d’en accepter la suppression ; l’énergie que mirent leurs représentants à en défendre le principe sollicita les représailles et accrut l’animosité, si bien que la majorité supprima complètement de la loi scolaire tout ce qui avait trait à la religion[1]. Les tempéraments que les libéraux s’étaient
- ↑ Votée par la Chambre en 1880, elle fut amendée par le Sénat. Jules Simon fit remplacer les mots : « Instruction morale et civique » par ces mots : « Devoirs envers Dieu et envers la Patrie ». Nous avons dit qu’un amendement fut introduit, en vue de laisser au Conseil départemental la faculté « d’autoriser les ministres des différents cultes ou leurs délégués à donner l’instruction religieuse dans les locaux scolaires, le dimanche, les autres jours de vacances et une fois par semaine, à l’issue de la classe du soir ». La Chambre repoussa ces modifications, et devant l’expression de sa volonté le Sénat céda et dut y renoncer. (Voir le chapitre précédent, La République et l’Église.) — S’autorisant d’une circulaire de M. Duvaux,