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l’éducation.

proposé d’y introduire n’auraient peut-être pas suffi à amener l’apaisement, mais ils l’auraient hâté ; ils auraient entravé, en tous les cas, le mouvement en faveur des écoles libres et empêché que l’éducation ne devienne une cause de discorde au sein de la nation. Il ne faut pas perdre de vue, en effet (nous le disions dans le chapitre précédent), que, si les Français ne sont pas dévots, ils n’admettent guère une éducation totalement dépourvue de sens religieux. C’est ainsi qu’un très grand nombre d’entre eux ont envoyé leurs enfants dans les écoles libres, bien que n’approuvant pas le but poursuivi par les fondateurs de ces écoles.

En 1890-91, il existait en France 81,990 écoles primaires, dont 67,318 écoles publiques et 14,672 écoles privées. Sur ce nombre total, 63,419 écoles étaient laïques et 18,571 congréganistes. Il restait encore 3,899 écoles publiques congréganistes[1]. Or, le 1er octobre 1891 expirait le délai pour la laïcisation des écoles de garçons. On était curieux dans le Parlement et au dehors de connaître les résultats de l’œuvre de laïcisation scolaire qui se poursuivait depuis une dizaine d’années. Une enquête fut ordonnée ; les documents recueillis furent remis à une commission de statistique chargée de les interpréter et d’en tirer les conclusions. Le rapport de cette commission,

    en date de 1882, des instituteurs prirent sur eux, dans les Côtes-du-Nord, d’enseigner le catéchisme à l’école, en dehors des heures de classe. Interpellé à ce sujet en novembre 1891, M. Léon Bourgeois, ministre de l’instruction publique, déclara qu’il ne voyait rien là de répréhensible ; mais que si l’autorité ecclésiastique continuait dans certains diocèses à ajouter au catéchisme des chapitres sur les devoirs électoraux et sur le degré d’obéissance due à l’autorité civile, il interdirait cette pratique.

  1. Le total des écoles mixtes (filles et garçons) était de 19,380, dont 13,742 tenues par des instituteurs.