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les idées et les mœurs.

forcé doit avoir un double effet : il assure à l’enfant une part à peu près déterminée d’avance dans l’héritage paternel, il lui donne ainsi une sécurité suffisante pour abaisser en lui le sens de l’effort et lui enlever l’obligation de se créer une situation. D’autre part, il force le père à léguer à ses enfants une fortune divisée, amoindrie par conséquent, compromise même, s’il s’agit d’une entreprise commerciale ou industrielle ne supportant pas la division ; le père, dès lors, est incité à limiter sa propre prospérité. D’où développement du fonctionnarisme, répugnance à coloniser et, en général, à entreprendre, et abaissement progressif du chiffre de la population. Tel est bien le cas de la France : les causes accessoires, s’il y en a, ne sauraient masquer la cause principale. Elle peut seule expliquer les abus du malthusianisme,

La statistique fournit d’ailleurs d’autres données probantes ; en l’étudiant, on voit que les départements les plus pauvres sont ceux où les naissances sont en plus grand nombre, et d’un travail récemment publié par un homme compétent, il résulte qu’à Paris la natalité décroît en raison inverse du taux des loyers. Les Français ont donné à Malthus ses lettres de naturalisation : la mise en pratique de ses préceptes est d’ailleurs avouée par beaucoup d’entre eux. Les paysans, les ouvriers agricoles dont on vante, avec raison, les habitudes d’économie, n’épargnent que dans un seul but : assurer l’avenir de leurs enfants, et l’assurer aussi complètement que possible ; on

    degrés, mais l’habitude prise dans certaines familles de la renouveler à chaque génération la transforme ainsi en substitution perpétuelle et donne l’illusion du droit d’aînesse.