idées ; et comme il représente une doctrine juste en théorie, l’impôt progressif sera admis saus révolte. S’il doit ruiner le pays, le pays mettra du temps à s’en apercevoir. On l’enserrera d’ailleurs dans tout un réseau législatif calculé pour rétablir l’équilibre au profit des moins fortunés, des moins intelligents, et sans doute aussi des moins laborieux. Une seule constatation à faire pour le présent, c’est que la loi tend à devenir de plus en plus minutieuse et de plus en plus prévoyante ; elle s’occupe de tout, veut tout régler, pénètre partout. La solution de la question sociale par la loi paraît la plus probable ; ce serait aussi la moins bonne.
Reste enfin la conciliation ; au point où en est la lutte des classes, dont les optimistes s’efforcent en vain de nier jusqu’à l’existence, l’hypothèse paraît ironique. On n’aperçoit pas les deux partis en présence signant une trêve soudaine, renonçant à leurs prétentions et se donnant une seconde fois le « baiser Lamourette ». D’ailleurs, la classe aisée trouverait-elle son chemin de Damas et reviendrait-elle à la notion des devoirs que comporte la possession de la fortune, que l’abîme creusé entre elle et la classe laborieuse n’en serait point comblé. Il est trop tard pour restituer ce que Le Play appelle le patronage. Le patron n’est plus assez indiscuté pour l’offrir à ses ouvriers, ni assez puissant pour le leur imposer. La participation aux bénéfices n’est à leurs yeux qu’une aumône, si elle n’est pas une charte d’égalité. L’œuvre si belle des logements ouvriers doit, pour réussir, constituer un placement rémunérateur, et, dès lors, elle ment à son but de relèvement social. Ce ne sont là que des expédients d’une valeur réelle, mais très passagère. La charité, elle, est un aveu.