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les premières années

néral de Cissey prit la présidence d’un cabinet d’affaires ou figuraient un certain nombre de membres du précédent cabinet et quelques nouveaux venus[1]. Le maréchal, dont la conviction ne s’était pas démentie, attendait toujours cette constitution dont on lui avait confié la garde avant qu’elle fût née, et l’Assemblée, dont le prestige et l’autorité décroissaient rapidement, perdait un temps précieux en discussions oiseuses. La question de l’électorat municipal souleva des tempêtes[2]. M. de Lacombe proposait « le grand collège de 1820 », et M. Chesnelong parlait des « notables » et des « plus imposés », auxquels il eût consenti à adjoindre des « délégués » du suffrage universel.

M. Casimir-Périer ne réussit pas dans sa tentative pour dégager l’Assemblée du chaos ; les propositions les plus imprévues se succédaient : restauration de la monarchie, nomination du maréchal au poste de lieutenant général du royaume, prorogation des pouvoirs du Parlement pour sept années, séparation de l’Assemblée en deux Chambres distinctes. Les monarchistes s’affolaient des récentes élections au conseil municipal de Paris, où la démocratie extrême, représentée par MM. Floquet, Clemenceau, etc., comptait cinquante élus sur quatre-vingts. On affectait de voir partout l’influence occulte de M. Thiers et de parler du maréchal comme d’un simple gérant. On était en somme « dans une sorte d’anarchie légale où les minorités, dans

    différents groupes en présence, dans les Souvenirs de la présidence du maréchal de Mac Mahon, par Ernest Daudet.

  1. M. de Cumont, qui ne s’illustra pas à l’instruction publique, et M. Tailhand, qui fit entendre dans l’Ardèche le langage le plus naïvement inconstitutionnel.
  2. M. Jules Ferry prit à cette longue discussion une part considérable.