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mémoires olympiques

d’ailleurs d’escompter une « promotion » olympique encartée dans la distribution des récompenses de l’Exposition.

L’agitation se propagea. Déjà Ed. Caillat m’avait prévenu que « la Fédération Française d’Aviron criait comme un putois ». On dénonçait à l’Hôtel de Ville la réunion « de comtes et de marquis » qui siégeait rue de Varennes. Le 9 novembre 1898, l’U.S.F.S.A. vota un ordre du jour de rupture, malgré les efforts de notre collègue du C.I.O., Ernest Callot, qui, dès la veille, nous avait avisés de l’échauffement des esprits. L’U.S.F.S.A. traversait une crise intérieure provoquée par certaines ambitions que je n’ai pas à juger ici. La répercussion de ce geste fut, du reste, assez faible. L’organisation officielle des concours de l’Exposition ne progressait pas et personne ne faisait confiance au Commissariat général à cet égard. Nos difficultés se trouvaient accrues ; elles n’en étaient pas devenues insolubles. À l’étranger, on ne connaissait que le « Comité La Rochefoucauld ». Une complication était née d’une intervention américaine fort inattendue. Le colonel H… avait débarqué à Paris, porteur d’un projet d’organisation d’une Exposition sportive dépendant du Commissariat des États-Unis ; il y aurait des terrains de jeux, des concours… de façon à « enseigner aux autres nations ce que c’était que le vrai sport ». Rien de plus déplacé qu’une telle initiative. Malheureusement, le Commissariat américain paraissait l’encourager et M. Picard (chose inattendue) s’y montrait favorable. Je me gardai de toute attitude hostile. J’eus, du reste, avec le colonel, pendant près d’une année, des rapports très courtois. Son projet ne me semblait pas viable. Pas besoin de s’y montrer con-