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Page:Coubertin - Mémoires olympiques, 1931.djvu/77

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mémoires olympiques

manquerait, il faudrait alors improviser bien des choses et l’annexe artistique en souffrirait…

La crainte de retarder encore l’éclosion nécessaire de ce mouvement me décida à convoquer une « Conférence consultative des Arts, des Lettres et des Sports » pour le printemps de 1906. J’y puiserais en même temps un prétexte pour ne pas aller à Athènes, voyage que je tenais beaucoup à éviter. Nous avions beau être maintenant en très bons termes avec le Comité Hellénique, le rapprochement résultait plutôt d’une résolution prise de part et d’autre que d’un ajustement sérieux de faits. Quel titre porteraient finalement ces Jeux « hors série » de 1906 ? À quelle périodicité allaient-ils préluder ? L’idée d’une série quadriennale intercalaire à laquelle j’avais adhéré sans y croire était abandonnée. On pensait maintenant à Athènes, à une série décennale, ce qui ferait en 1916 coïncider les deux séries… Tout cela restait précaire ; la situation serait toujours un peu fausse. En tous cas, bien des petits froissements, bien des difficultés surgiraient pendant les concours. Il y avait avantage pour tout et pour tous à ce que je fusse absent. Le comte Brunetta d’Usseaux me remplacerait et réserverait mon avis chaque fois que cela se pourrait, ajournant ainsi les questions et évitant les décisions précipitées.

Je revois d’ici le sourire charmé d’André Beaunier, cet écrivain raffiné, amène, qu’un sort jaloux a brisé trop tôt — alors que je lui montrais, dans son bureau, au Figaro, la convocation à la Conférence de la Comédie-Française. Il y était dit que l’on était invité « à venir étudier dans quelle mesure et sous quelle forme les arts et les lettres pourraient participer à la célébration des Olympiades modernes et, en général, s’asso-