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mémoires olympiques

adoptée pour l’Angleterre, quelle application en ferait-on à l’Allemagne, par exemple, s’il prenait à la Bavière ou à la Saxe l’idée de réclamer une représentation séparée ? En fondant le C. I. O., j’y avais fait entrer d’office un Hongrois et un Tchèque, me basant sur l’importance et sur l’autonomie sportives de ces pays. Mais la Hongrie formait un État à prérogatives distinctes, la Bohème, non. L’orage devait naître en 1912. En 1908, on se borna à Vienne à grogner quelque peu. Pour l’Allemagne, le général von der Asseburg avait été consulté par moi confidentiellement. Je crois bien qu’il en parla à l’empereur, en tout cas au chancelier. La réponse fut que le Reich préférait de beaucoup au point de vue olympique une représentation unique, agglomérée, mais que l’on comprenait que la constitution très spéciale de l’empire britannique exigeât des représentations séparées. Ainsi, aucune difficulté du côté allemand. Aux États-Unis, il n’en allait pas de même ; Sullivan et son groupe — très puissant — s’indignaient des « privilèges » britanniques.

Autre affaire, le système métrique. Il s’imposait absolument. Et peut-être la transformation de la course de 100 yards en 100 mètres (ce qui faisait 109,3 yards) n’était-elle pas catastrophique pour les athlètes anglais techniquement parlant ; mais beaucoup en ressentaient une sorte d’humiliation nationale. Tout cela avait été étudié d’avance tant par la British Olympic Association que le C.I.O., ce qui donna aux examens et discussions, à La Haye, beaucoup d’aisance et de rapidité. La session fut charmante. Placée sous le patronage du prince consort, inaugurée par le ministre des Affaires Étrangères, elle eut lieu dans la belle et paisible salle de la Trève, l’une