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mémoires olympiques

des plus « historiques » du Binnenhof. Nous y vîmes pour la dernière fois l’un de nos plus chers collègues, Sir Howard Vincent, que la mort nous devait enlever brusquement peu avant les Jeux — et pour la première fois un futur collègue hongrois bien apprécié par la suite, M. Jules de Muzsa, mais qui dut attendre toute une année son entrée parmi nous, parce que son gouvernement l’avait envoyé à La Haye en le « désignant » comme le successeur de F. Kemény, qui se retirait. Impossible de céder. Le jour où le C. I. O. cesserait d’être un « self-recruiting body », il perdrait son arme essentielle : l’indépendance totale. Tous mes collègues maintenant en étaient convaincus et voyaient dans ce privilège de la libre élection la pierre angulaire de notre constitution.

Les Jeux de la ive Olympiade s’ouvrirent en grande pompe le 13 juillet 1908. Le roi, la reine, les princes et princesses de Suède et de Grèce, le corps diplomatique assistaient à la cérémonie qui fut imposante. Pour la première fois, le défilé des quinze cents athlètes marchant derrière leurs dix-neuf drapeaux réalisa un des vœux de la Conférence de la Comédie-Française ; ils avaient presque tous (sauf les Américains) consenti à revêtir leurs tenues de sport et l’aspect du défilé s’en trouvait transformé. Mais, dit la Revue Olympique de juillet 1908, « combien l’ensemble eût été plus parfait encore si, au lieu des ritournelles d’hippodrome jetées en l’air par les musiques militaires, on avait entendu quelqu’une de ces masses chorales qui excellent en Angleterre à exécuter les admira-