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dents naissent forcément. Il y en eut ; on s’accusa réciproquement de déloyauté. Un menu fait en dit long sur l’état d’esprit qui régnait. Au retour, lorsque les triomphateurs transatlantiques furent reçus solennellement à l’Hôtel de Ville de New-York, ils promenaient en laisse… le lion britannique enchaîné. Cela fit presque une affaire diplomatique. Le roi Édouard, dès le premier jour, avait pris les athlètes américains à tic à cause de leur attitude et des cris barbares dont ils remplissaient le stade. En cette circonstance, je ne compris pas l’attitude de Sullivan. Il partageait la surexcitation de ses équipiers et ne cherchait pas à la calmer. Cela se traduisit au retour par une nouvelle volte-face de sa part. Il fit voter par l’Amateur Athletic Union la désignation de commissaires chargés de constituer un nouveau Comité International Olympique et de régler le statut des Jeux futurs. Mais cette fois, personne ne le suivit, non plus que dans sa tentative pour distinguer les Jeux Olympiques « proprement dits » des « autres sports ». Dans la première catégorie devaient entrer exclusivement les courses à pied, sauts et lancers.

Le C.I.O. n’avait plus rien à craindre de telles manœuvres. Sa constitution était maintenant hors d’atteinte. J’avais pu, au grand dîner offert par le gouvernement britannique, et présidé par Sir Edward Grey, exposer nettement sa politique, ses projets et les limites dans lesquelles nous entendions enfermer nos propres pouvoirs et nos ambitions. Tout était clair et le succès des Jeux prochains se trouvait déjà assuré.

Les fêtes à Londres furent nombreuses. Il y eut notamment pour les athlètes, six banquets de 250 à 300 couverts, un grand bal, des ré-