Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/281

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

500 chevaux, 1,500 hommes de pied et trois canons. La ville, qui comptait quatre cents feux avant les malheurs de cette guerre, n’était alors protégée que par la compagnie du jeune Gaucher, forte de quatre-vingts maîtres. Trois jours auparavant, celui-ci avait provoqué l’ennemi par une course sur Blondefontaine, où il avait enlevé un quartier de l’armée française, tué soixante hommes et fait quelques prisonniers, qui lui révélèrent l’état et la position des forces ennemies. Puis il avait mis le feu au pays et mandé ces renseignements à Gallass, encore à Saulx. Turenne venait donc rendre la pareille, en attaquant Jussey. Du Magny escarmoucha contre les Français et leur tint tête jusqu’à midi, en leur tuant un cornette, avec perte de trois hommes seulement. Telle est du moins la narration du capitaine, qui était un brave soldat, mais assez fanfaron, comme on le voit par ses lettres. Enfin la supériorité du nombre le contraignit à la retraite, et Turenne entra, le fer et la flamme à la main, dans Jussey et Cemboing, qui furent mis à sac. La plupart des habitants avaient fui dans les bois : ce qui resta fut passé par les armes, au nombre de quatre-vingts personnes, ou demeura prisonnier (12 septembre)[1]. A la nouvelle de ce coup de main, Rantzau, maréchal de camp du prince de Condé, fut immédiatement dépêché pour soutenir le vicomte dans sa position conquise[2], et Gaucher, retiré sur la rive gauche de la Saône, mais toujours harcelant l’ennemi, perdit encore vingt-sept de ses cavaliers, sans aucune utilité.

  1. Preuves, 16 septembre et 6 octobre.
  2. Béguillet, II, 37.