Page:Coulevain - Le Roman merveilleux.pdf/13

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pour son valet de chambre. « Je crois, au contraire, qu’il n’y a de grand homme que pour son valet de chambre. Le valet d’un pape ou d’un roi se croit très supérieur aux collègues qui ont pour maîtres de simples mortels, et il pontifiera toujours, en rendant à Sa Sainteté ou à Sa Majesté les services les plus intimes — je ne l’ai pas vu assurément — mais j’en suis sûre, étant donné cette curieuse aberration qui produit l’illusion. Oui, on peut être grand pour son valet de chambre, mais grand pour soi-même c’est plus difficile ; pour le penseur, c’est impossible. Les écrivains, les hommes de science savent les efforts, les tâtonnements que représentent leurs chefs-d’œuvre ; les saints ont dû connaître les dessous de leur sainteté et chacun, à un moment donné, prend plus ou moins conscience de son infériorité. J’ai eu ma part de vanité et je ne puis plus en avoir. Dieu seul sait combien je le regrette ! Par mon âge, je me trouve sur les confins de deux mondes ; mes impressions de départ, mes intuitions de l’Au delà peuvent, par leur sincérité absolue, avoir quelque valeur scientifique et je les donnerai sans scrupule. À tort ou à raison, je crois que j’ai été préparée de longue main à faire cette