Page:Coullet et Juglar - Extraits des enquêtes parlementaires anglaises sur les questions de banque, 1.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce pays-ci ; à la même époque on mettait sous séquestre les biens et les propriétés des Anglais, tandis qu’il y avait encore des payements à faire pour le compte des Anglais et des recouvrements à opérer sur notre pays ; aussi y eut-il beaucoup plus de lettres de change à vendre que de personnes ayant des payements à faire en Angleterre. La communication par lettres étant également difficile et incertaine, on ne trouvait pas, comme dans les temps ordinaires, d’intermédiaires pour acheter ces billets et les envoyer en Angleterre pour des retours, et aucune action ne pouvait être intentée devant les cours de justice contre ceux qui se refusaient au payement d’une lettre de change retournée ou contestaient les conditions du change. Pendant que ces causes déprimaient le taux du change, les payements dus à l’Angleterre ne s’effectuaient qu’à des périodes éloignées ; le taux du change une fois abaissé par ces circonstances, et l’or étant retenu en Angleterre pour suppléer à ces différences occasionnelles, les opérations entre notre pays et le continent ont continué à se faire à un taux très-bas, et la valeur d’une livre sterling sur le continent devenait purement une question d’appréciation individuelle, puisqu’il n’était plus possible de se procurer ce que la livre sterling était censée représenter. » « Le change sur l’Angleterre variant de 15 à 20%, quelle part de cette perte peut-on attribuer aux mesures prises par l’ennemi dans le nord de la Germanie et à l’interruption de l’intercourse qui en a été le résultat, et quelle part au papier de la Banque d’Angleterre non convertible en espèces, auquel vous avez attribué une part de cette dépréciation ? — Selon moi, la dépréciation tout entière a été la conséquence, à l’origine, des mesures prises par l’ennemi ; et sa persistance est due à ce fait que le papier de la Banque d’Angleterre n’était pas convertible en espèces. »

« Depuis les mesures prises par l’ennemi, que vous avez rappelées, quelles causes ont contribué sur le continent à abaisser le taux du change ? — Des chargements très-considérables expédiés de la Baltique, pour lesquels on faisait des traites qui étaient immédiatement négociées, à peine les chargements effectués, sans consulter beaucoup l’intérêt des propriétaires de notre pays, comme on l’aurait fait en différant la négociation jusqu’à ce que ces traites eussent été demandées ; ce sont ensuite la difficulté et l’incertitude prolongées de transporter la correspondance entre notre pays et le continent ; le nombre très-restreint de maisons sur le continent qui voulaient bien se charger d’opérations de ce genre, soit en acceptant des traites pour le compte de l’Angleterre tirées des divers points où les chargements ont lieu,