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Page:Counson - Malherbe et ses sources, 1904.djvu/134

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les princes. « La toison » à conquérir avait été Marie de Médicis, et « Jason » le duc de Bellegarde[1] : et dans la seconde rédaction de l’Ode au grand écuyer de France, la fiction s’était développée, et « Téthys » avait été charmée de la bonne figure du duc :

Téthys ne suivit-elle pas
Ta bonne grâce et tes appas.
Comme un objet émerveillable,
Et jura qu’avecque Jason
Jamais argonaute semblable
N’alla conquérir la toison[2].


Plus tard, « la toison » sera aussi bien la jeune princesse de Condé dont Henri IV est amoureux, et « Alcandre » sera désespéré de n’être pas « Jason[3] ». Enfin c’est aux Argonautes que sera comparée la reine-mère pendant sa régence, quand elle aura triomphé des guerres des princes : et Malherbe raconte longuement « la fable » en disant « les mers de Scythie » de même qu’il avait lu pontus Scythicus dans les Tristes d’Ovide :

Ainsi quand la Grèce partie
D’où le mol Anaure couloit,
Traversa les mers de Scythie
En la navire qui parloit.
Pour avoir su des Cyanées
Tromper les vagues forcenées,
Les pilotes du fils d’Éson,
Dont le nom jamais ne s’efface,
Ont gagné la première place
En la fable de la toison[4].

  1. Malh., I, 124, v. 267-270.
  2. I, 112.
  3. I, 167.
  4. I, 212.