et exclusivement pénétré de l’esprit biblique. Jamais non plus, du reste, il n’a voulu s’attacher étroitement au texte sacré ; et, dans cette dernière paraphrase qu’on considère comme sa meilleure et même comme sa seule excellente, cinq vers tout au plus sont tirés littéralement du psaume lui-même.
L’influence générale de la Bible n’est pas très profonde chez Malherbe ; l’idée de Dieu se revêt plutôt dans son œuvre des traits de la poésie antique : il le voit sous l’aspect du Jupiter classique :
Ô toi qui d’un clin d’œil sur la terre et sur l’onde
Fais trembler tout le monde…[1]
et, dans la plus belle « prière » qu’il lui ait adressée, il
parle de façon très profane de la gloire du Dauphin, qui
sera telle
Que ceux qui dedans l’ombre éternellement noire
Ignorent le soleil, ne l’ignoreront pas[2],
ce qui semblait une impiété insupportable à Lefebvre de
Saint-Marc.
Cet homme qui ne savait pas prier en vers sans scandaliser les théologiens et son propre éditeur, ne pouvait non plus être guère chrétien. Ne lui demandez pas de sentir la naïveté suppliante qui s’égrène dans les litanies : « dans ses Heures, il avoit effacé des litanies des saints tous les noms particuliers, et disoit qu’il étoit superflu de les nommer tous les uns après les autres, et qu’il suffiroit de les nommer en général : Omnes sancti et sanctae Dei, orate pro nobis[3] ». La « réduction à l’universel » avait de ces boutades… Ce n’est pas Malherbe non