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moins des raisonneurs qui veulent combattre la douleur en parlant à l’esprit. « Me veux-je armer contre la crainte de la mort ? c’est aux despens de Seneca[1] », disait Montaigne en parlant des pédants ; et, bien longtemps après, Usbek écrit à Rhédi : « Lorsqu’il arrive quelque malheur à un Européen, il n’a d’autre ressource que la lecture d’un philosophe qu’on appelle Sénèque[2] ». Ce que tout le monde lit ou médite, il se trouve toujours quelqu’un pour le mettre en vers :

Hector.

Quel livre voulez-vous lire en votre chagrin ?
..........
Voilà Sénèque.
..........

Valère.

Lis donc.

Hector, (lit).

« Chapitre six. Du mépris des richesses.
La fortune offre aux yeux des brillants mensongers ;
Tous les biens d’ici-bas sont faux et passagers ;
Leur possession trouble, et leur perte est légère ;
Le sage gagne assez quand il peut s’en défaire. »


Ces vers sont du Joueur de Regnard[3] ; mais les derniers pourraient être antérieurs d’un siècle, et ne dépareraient pas les recueils poétiques qu’on faisait dans la première moitié du XVIIe siècle. C’est qu’aux environs de l’an 1600 on se consolait déjà comme du temps de Regnard et de Montesquieu ; Coeffeteau s’adressant à la

  1. Essais, I, 24 (Du pédantisme).
  2. Montesquieu, Lettres persanes, lettre XXXIII.
  3. Acte IV, scène xiii.