Aller au contenu

Page:Courant - A propos du système unique de transcription en lettres latines des caractères du dictionnaire de Kàng-hi, 1899.pdf/11

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
6
MÉLANGES.

mongole et de l’époque des Thang, etc. Les prononciations du 康 熙字典 sont toutes rapportées à un double tableau de sons dressé avec le plus grand soin et disposé par initiales, finales, tons, etc. Le second de ces tableaux donne une prononciation antérieure à celle du 中原音韻 (XIIIe siècle) et postérieure à celle du 廣韻 (XIe siècle), en tous cas fort différente de toute prononciation moderne du nord, du sud ou du centre : la présence côte à côte d’initiales sonores (g, d, b, etc.), des trois finales sonores (ng, n, m) et, pour le 入聲, de la finale h, (p. e. 1ère table 各, 歌) avec les trois finales sourdes (k, 3° table 格, 庚 ; t, 13e table, 葛, 于 ; p, 15e table, 閣, 拿) le prouve surabondamment. Le premier tableau plus moderne (voir p. e. dans la 1ère table le caractère 启 dans la série ph, tandis que le second tableau, 1ère table, le porte à la série b), ne correspond cependant pas à la prononciation actuelle du mandarin, puisqu’il conserve un grand nombre de mots dans les initiales sonores ; il représente une langue qui date de plus haut que la fin du XVIIe siècle et de plus bas que la période mongole (absence de la finale m) et qui n’est aucun des dialectes du sud ou du centre à finales sourdes : c’est donc un dialecte mandarin. Le 康熙字典 nous révèle ainsi le système phonétique du chinois à deux époques diverses ; le 廣韻 et le 唐韻 nous permettent de remonter encore plus haut, le premier jusqu’au XIe siècle, le second jusqu’au VIIIe peut-être même jusqu’au VIe.

Il est vraisemblable que ces documents consacrés par l’autorité impériale, admis par un usage étendu et durable, ont représenté la prononciation moyenne correcte, celle de la cour si l’on veut, aux époques diverses où ils ont été composés : ainsi s’expliqueraient leur succès, leur notoriété. Nous aurions là, approximativement pour le VIIIe, le XIe, le XII, le XVIIe siècles, l’équivalent du mandarin d’aujourd’hui ; je dis l’équivalent, et non pas la source, car, pour les trois premières époques du moins, la cour résidant dans d’autres