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Page:Courant - A propos du système unique de transcription en lettres latines des caractères du dictionnaire de Kàng-hi, 1899.pdf/12

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MÉLANGES.

provinces, était soumise à des influences dialectales plus ou moins différentes. Il ne faut pas oublier, en effet, que, si loin que nous remontions, nous trouvons toujours en Chine, sinon des langues, au moins des dialectes : pour l’époque des Han, le 方言 de 楊雄 en est la preuve, et je serais fort étonné que, dans le Chi king et les anciens poèmes, bien des rimes étranges, celles que l’on nomme 叶韻 ne fussent pas la trace des dialectes de ces âges reculés. Chaque dialecte ou chaque langue a eu naturellement son développement séparé, a subi de multiples influences, résultant des rapports avec les Chinois des plus anciens centres civilisés, Chàn si, Chan si, Ho nan par exemple, des invasions venues de telle ou telle province, de telle ou telle contrée limitrophe, de la fusion avec les aborigènes, comme il est arrivé au Fou kien, au Koang tong. Les langues modernes correspondent donc à des langues anciennes, celles-ci peut-être moins distantes les unes des autres que celles-là ; mais s’il n’est pas permis de conclure aujourd’hui du cantonais au changhaïen, je ne crois pas que cela soit plus loisible pour l’antiquité ; et en tous cas, il est encore moins logique de passer du mandarin de Péking, ou de la langue de Canton, ou de toute autre à celle que l’on parlait à la cour des Thang, alors que le temps et le lieu sont aussi différents.

Pour restituer, si faire se peut, la langue ancienne, il faut donc prendre comme base les œuvres lexicographiques et phonétiques anciennes. Les dialectes, les transcriptions et prononciations du chinois dans les langues étrangères, coréen, japonais, annamite, pourront fournir des indications, mais seulement de manière accessoire, indications difficiles à interpréter, car il y faut toujours faire la part des influences locales, de l’ignorance linguistique de ceux qui parlaient ou écrivaient, de la tradition établie faisant transcrire tel nom d’après une prononciation locale ou ancienne qui ne correspond plus à la prononciation propre de l’écrivain, etc. Des transcriptions