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ANNALES DES SCIENCES POLITIQUES.

pressante que celle de la monnaie : l’examen doit en être différé. » Aucune mesure n’a été prise depuis lors ; ces tendances sont à remarquer à l’heure surtout où le Japon a adopté l’étalon d’or, où la question monétaire se pose de façon aiguë au Siam, aux Philippines, dans l’Indo-Chine française[1].

Nouvelles taxes ; télégraphes ; armée. — La situation financière a amené la création de nouvelles taxes dont la perception cause des bagarres.

Le gouvernement chinois a voulu en décembre dernier procéder au rachat des actions privées du réseau télégraphique : la baisse immédiate et l’achat de ces parts par des étrangers ont arrêté la tentative. De même qu’il a voulu devenir seul maître de ses communications, le gouvernement chinois s’est efforcé d’organiser sa défense. On a décidé de fonder des écoles militaires et de n’y admettre que des candidats présentant des garanties pour l’instruction et le rang social : on a compris qu’il faut, si l’on veut une armée, avoir des officiers capables et considérés : la considération manque a l’officier chinois encore plus que la capacité. Il a été décidé que les officiers des provinces iront tour à tour faire un stage dans les écoles de la région, les premiers centres désignés pour ces nouveaux instituts sont Thietsin, Han-kheou et Tchh-tou. Une école militaire a été ouverte à Péking par le prince de Sou, qui depuis 1900 montre tant d’activité et un esprit si ouvert. Les huit bannières ont fourni des contingents, pour former des troupes exercées ; des corps de musulmans ont été constitués dans le Tchi-li. On tend à former non pas une armée chinoise, mais une série d’armées provinciales. ce qui est plus conforme à la décentralisation de l’Empire, mais ce qui pourrait un jour présenter des inconvénients : les révoltes militaires ne sont pas rares dans l’histoire chinoise. Quoi qu’il en soit, la dignité du commandement, le sens de la responsabilité, l’esprit de discipline sont trop rares en Chine pour que ces efforts puissent aboutir promptement[2].

Instruction. — Encore plus variés sont les efforts faits pour répandre l’instruction occidentale par les missions catholiques, par les missions protestantes, par l’administration allemande de Kiao-tcheou, par l’administration française de l’Indo-Chine, par les Japonais, par le gouvernement chinois lui-mèême. Je ne puis

  1. Voir le Bulletin du Comité de l’Asie française, 1903. p. 53, 107, 145, 265, 300.
  2. M. le général Frey, dans la Revue des Deux Mondes du 1er octobre. vient de consacrer à cette question un article que je ne puis me permettre de contester pour le côté militaire ; mais quelques appréciations du caractère chinois m’ont surpris et plusieurs faits même sont notoirement erronés.