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ANNALES DES SCIENCES POLITIQUES.

Situation financière. — « La dette nationale a doublé en huit ans ; la 31 mars 1902, elle était de 1 310 millions de francs ; il convient d’y ajouter les 125 millions (50 millions de yen) empruntés a Londres en octobre 1902. La dette communale et départementale atteint 85 millions de francs environ. Cette dette pèse en réalité très lourdement sur un pays dont la puissance contributive est relativement faible. La charge supportée par 2 500 francs de richesse nationale est de 55 francs, alors qu’elle est de 22 fr. 50 aux États-Unis, 40 francs en France, 52 fr. 50 en Italie. Pour l’exercice 1902, l’excès des importations d’or et d’argent s’est élevé à 77 millions de francs ; les réserves métalliques de la banque du Japon ont atteint le 31 janvier 1903 le chiffre exceptionnel de 287 millions de francs. Par contre le montant des notes convertibles émises par la banque se maintient encore à un chiffre élevé : 586 millions le 31 janvier 1903. Le trésor doit encore à la banque 150 millions de francs. Le règlement du budget de 1901-1902 accuse un excédent de recettes de 18 millions de francs. Il y a encore des ombres au tableau ; la dépréciation de l’argent qui gène le commerce avec la Chine et ruine nombre de négociants ; la mauvaise récolte du riz de 1902 qui aura pour effet un accroissement dans l’importation et une notable sortie d’or[1]. »

En conséquence la plus grande prudence s’impose au pays dont le budget a passé de 192 millions en 1892 à 676 millions en 1902, 633 millions en 1903.

Programme de dépenses. — Au mois d’août 1902, les élections ont eu lieu ; elles ont envoyé au parlement 192 membres du Séi-you-kwai (libéraux constitutionnels) contre 184 membres de partis divers. Le marquis Itô, chef du Séi-you-kwai, très loyaliste, reconnaissant à l’Empereur le droit absolu de choisir ses ministres soit dans les partis, soit dans les clans, soit en dehors, voulait, d’après son programme, « compléter la défense nationale d’après la marche des événements, assurer, dans les limites des ressources de la nation, la protection effective des droits et des intérêts de l’Empire ». Le coûteux programme naval et militaire étant achevé, on comptait que le gouvernement arrêterait son effort et laisserait le pays reprendre haleine. Mais, dès le mois d’octobre, on apprit que le ministère de la marine avait élaboré un nouveau programme comportant pendant six ans à partir de 1904 une dépense annuelle de 50 millions de francs ; un peu plus tard, le ministre des finances annonçait pour l’avenir deux autres programmes navals, en même

  1. Questions diplomatiques et coloniales, 1er juillet 1903, p. 36 et suiv. Voir aussi même recueil, 15 avril 1903, p. 483 et suiv.