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LA VIE POLITIQUE EN EXTRÊME-ORIENT (1902-1903).

temps que des projets de construction de téléphones et de chemins de fer. D’autre part, ci le marché de Londres avait souscrit l’emprunt de 125 millions, le gouvernement japonais ne pouvait trouver rien de plus ni à Londres ni à New-York, il fallait donc maintenir, augmenter même les impôts.

Dissolution de la Chambre. — Un rapprochement eut lieu entre le marquis Itô, le comte Ôkouma, du parti progressiste, le comte Inoouhé ; des négociations se poursuivirent quelques semaines entre ceux-ci et le cabinet Katsoura. En décembre, le cabinet se décida à dissoudre la Chambre. Les élections ont eu lieu en mars ; le Séi-you-kwai n’a plus sa majorité absolue, mais joint au parti progressiste (Ken-séi-hontô) il dispose de 275 voix contre 101[1]. À la session de mai, le Parlement tout entier a voté les crédits pour la marine ; mais la Chambre des représentants a repoussé ou réduit une série d’autres crédits et voté un blâme au ministère. Celui-ci a déclaré que tenant ses pouvoirs de l’Empereur il n’avait pas à s’incliner devant la Chambre des représentants ; d’ailleurs il a obtenu de la Chambre des pairs le vote de toutes les mesures financières proposées. Toutefois, au début de juillet, le président du conseil, comte Katsoura, a offert sa démission qui a été refusée. La présence du marquis Itô à la tête de l’opposition semblant particulièrement dangereuse pour le ministère, cet homme d’état a été nommé président du Conseil privé et a dû céder la direction du Séi-you-kwai au marquis Saionzi ; à la suite de ces faits, le Séi-you-kwai a commencé de se dissoudre ; plusieurs de ses membres ont formé un nouveau parti sous la direction du comte Itagaki, le vétéran libéral de la Restauration, depuis longtemps retiré de la vie politique. La situation parlementaire est donc plus complexe que jamais.

Romanisation de l’écriture japonaise. On sait que la langue japonaise s’écrit avec un mélange de caractères idéographiques chinois et de caractères syllabiques dérivant du chinois ; pour plusieurs raisons que je ne puis expliquer ici, il n’est pas aujourd’hui de système graphique plus complexe. Depuis longtemps, les Japonais se rendent compte que leur écriture emploie beaucoup du temps des étudiants et qu’elle sépare profondément le Japon du monde européen où il veut prendre place ; ils avaient donc, il y a une vingtaine d’années, formé une association, le Komaji-kwai, pour substituer l’alphabet latin aux caractères japonais ; le Romaji-kwai

  1. Ces chiffres sont donnés par l’article cité des Questions diplomatiques et coloniales, 15 avril 1903, p. 496. Le Bulletin du Comité de l’Asie française, 1903, p. 222 donne : Séi-you-kwai 193 au lieu de 190 en 1902 ; Ken-séi hontô 98 au lieu de 106, soit ensemble 291.