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LA VIE POLITIQUE EN EXTRÊME-ORIENT (1902-1903).

ministre d’Allemagne et du chancelier japonais[1] ; pour la violation des cimetières étrangers. La question des châtiments était alors ou été depuis en partie réglée ; mais le chef du parti xénophobe et son principal appui, le prince de Toan et le général Tong Fou-siang, n’ont jamais été emprisonnés au Turkestan, comme ils devaient l’être ; le premier vit au nord de Ning-hia, près d’un prince mongol avec lequel il a des liens de parenté[2] ; le second est retiré dans le nord-ouest du Kan-sou au milieu de ses troupes et de ses coreligionnaires, prêts, disait-on au début de l’année, à se soulever. Mais les musulmans qu’il a abandonnés jadis, ne désirent pas le suivre ; les soldats, environ 1 500 hommes, mal vêtus, payés irrégulièrement, seraient peu redoutables. Le danger ne semble pas grand à l’heure présente, ni pour la Cour dont certains dignitaires ont des intelligences avec Tong Fou-siang, ni pour les étrangers. Mais si l’on ne pouvait s’assurer de la personne de ces deux chefs, pourquoi exiger un châtiment sans espoir de le faire exécuter ?

L’interdiction pour cinq ans des examens dans toutes les villes où des étrangers ont été massacrés, est un autre article du protocole. Les examens sont la porte du mandarinat, c’est-à-dire de l’aristocratie : on les passe dans la capitale provinciale, dans la préfecture à laquelle on ressortit par naissance, sans qu’il soit possible de concourir dans un autre ressort. Cette suspension, équivalant à la suppression de deux concours de licence au moins, était un désastre pour les étudiants, par suite pour les villes, pour les provinces qui en seraient l’objet. Aucun châtiment n’était plus propre à frapper l’esprit du peuple. On a toutefois admis que l’article fût tourné et que le siège des concours fût transféré ; on peut compter que l’on continuera.

La clause interdisant d’importer des armes a été presque lettre morte. La Chine, en effet, a plus d’une demi-douzaine d’arsenaux fabriquant obus, cartouches, fusils, canons ; les matériaux de toutes natures peuvent être achetés à Chang-hai ou dans tout autre port. D’ailleurs c’est le 25 août qu’a expiré la première période biennale d’interdiction ; aucune puissance n’en a demandé le renouvellement. La Chine pourra s’approvisionner, non plus facilement, mais plus ouvertement. Mais pourquoi exiger un engagement, si l’on ne voulait le faire respecter.

Le montant de l’indemnité due a été fixé en taëls (450 millions) ; mais le protocole a déterminé le taux du taël par rapport à la

  1. Le monument expiatoire en mémoire du baron von Ketteler a été inauguré en janvier dernier.
  2. Les derniers journaux de Chang-hai annoncent qu’il serait présent à Péking sous divers déguisements. On sait que les journalistes d’Extrême-Orient ont l’imagination vive.