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la revue de paris

le magistrat condamne le contrefacteur à une amende et lui interdit de poursuivre les représentations, si la pièce est encore toute récente ; mais au bout de six mois ou d’un an, une œuvre dramatique tombe dans le domaine public et n’importe qui peut la représenter. De toutes façons, l’auteur n’a aucune part à la recette et ne tire de son œuvre qu’un bénéfice médiocre : aussi les nouvelles pièces sont devenues très rares.

La censure préalable n’existe pas plus pour le théâtre que pour la librairie : dans ce pays dont le gouvernement passe pour si despotique, on peut écrire et faire jouer tout ce que l’on veut ; seulement, quand la pièce représentée semble immorale, contraire au bon ordre, injurieuse pour le gouvernement, on l’interdit sans autre forme de procès, et on fait bâtonner le régisseur, qui en est pour les coups reçus et pour l’argent perdu.

iv

Le théâtre tient une large place dans la vie des Chinois et les acteurs sont considérés comme une classe vile : pareil contraste se retrouverait, je pense, dans toute civilisation fondée uniquement sur des principes moraux, comme est la civilisation confucianiste, et qui en serait venue à posséder une littérature dramatique. Conséquents à eux-mêmes, les lettrés n’ont fait aucune place au théâtre dans le culte des ancêtres, ni dans le culte officiel du ciel et des forces naturelles, — seule religion qu’ils admettent et qui soit vraiment chinoise, — alors que dans d’autres civilisations le drame a un caractère sacré. Les lettrés ne pensent pas non plus que les œuvres dramatiques forment un genre littéraire et ne les comprennent pas dans les catalogues de leurs bibliothèques ; malgré tout, leur influence sur la plus grande partie de la littérature dramatique a été prépondérante, et ce sont eux qui lui ont imposé sa forme et le choix de ses sujets.

Le drame, en partie déclamé, en partie chanté, est rédigé