Page:Courier Longus 1825.djvu/90

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chantoit et se jouoit avec les Nymphes. Pan qui la voyoit aux champs garder ses bêtes, jouer, chanter, un jour vient à elle et la prie de ce qu’il vouloit, lui promettant faire que ses chèvres porteroient toutes deux chevreaux à chaque portée. Elle se moqua de son amour, et dit que jamais elle n’auroit ami, non seulement tel comme lui, qui sembloit proprement un bouc, mais ni autre quel qu’il fût. Pan la voulut prendre à force ; elle s’enfuit ; il la poursuivit ; tant que pieds la purent porter, elle courut ; mais lasse à la fin de courir, elle se jette en un marais, et là se perd dans les roseaux. Pan coupe les cannes en courroux, et n’y trouvant point la pucelle, connut son inconvénient, et lors unissant avec de la cire les roseaux taillés inégaux, en signe d’amour non égale, il en fit cet instrument. Ainsi elle qui paravant étoit belle jeune fille, depuis a été un plaisant instrument de musique. »