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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/12

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

s’enorgueillissaient déjà de compter un avocat dans la famille.

Tandis que Mme Platbrood était toute à la joie d’avoir retrouvé son benjamin, le major éprouvait de grandes satisfactions d’amour-propre. Rien ne lui était si agréable que d’être interrogé sur son fils :

— Et qu’allez-vous faire à présent de ce grand garçon-là ?

Il prenait son temps et, d’un air grave, il prononçait dans sa barbe fleurie :

— Bé, Hippolyte va faire son droit…

Et la phrase lui plaisait à répéter comme si elle l’eût revêtu lui-même de la robe.

Donc, Hippolyte prit son inscription à l’Université. Il s’y distingua tout de suite par la bonne grâce et la franchise de son caractère. Étudiant assidu, il ne se bornait pas uniquement à « prendre » les cours ; il les creusait au contraire, complétant la parole du professeur par des recherches personnelles. Remâcher la leçon ne pouvait lui suffire ; elle n’était pour lui qu’une préparation : il ne voulait pas être seulement un perroquet.

L’Histoire l’intéressa vivement ; ce n’était plus une liste de dates, une énonciation de faits. On y voyait maintenant les personnages d’une époque, les mœurs, le milieu, le mobile des actions… Il goûtait la ferme ordonnance d’un Mignet, tout en admirant la verve inspirée, la divination d’un Michelet, cette manière d’écrire l’Histoire « avec une suite d’éclairs »…