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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/14

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

dépassait la moyenne ; le garçon un peu grêle d’autrefois avait pris de l’étoffe mais sans s’alourdir aucunement : il gardait sa sveltesse, toute son élégance musclée et cambrée.

Il avait abandonné la coiffure calamistrée pour la simple « brosse » ; sa chevelure semblait s’être encore assombrie et ses yeux noirs aux longs cils brillaient avec plus de feu que jamais au milieu d’une figure correcte, naturellement teintée de hâle. Bref, sa tournure et sa physionomie étaient fort séduisantes : elles attiraient de prime abord la sympathie que justifiaient sa vivacité d’esprit et son bon naturel. Aussi, les amitiés s’offrirent-elles nombreuses au jeune homme, les unes avec élan, les autres de façon plus discrète. Il se réserva, prit le temps de choisir et sut ne froisser personne.

Certes, il ne se croyait aucune supériorité quelconque sur ses nouveaux condisciples et son affabilité n’était nullement empreinte de condescendance. Mais, tout en appréciant chez la plupart d’entre eux un bon sens alerte, et une excellente « judiciaire », il ne pouvait s’empêcher de déplorer, presque chez tous, la pesanteur d’une langue embrouillée, l’emploi d’un vocabulaire impropre en dépit du commerce qu’ils avaient si longtemps entretenu avec les classiques.

Ne fallait-il pas deviner bien souvent ce qu’ils voulaient dire ? Quel idiome pénible, dur ! Quelle articulation laborieuse qui tord la bouche, fend et crevasse les lèvres, écorche les oreilles ! Quel accent pâteux, lourd, grossier !