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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/15

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Ce n’est pas qu’il ne prît souvent plaisir aux expressions heureuses de cette langue gâtée ; mais, quand même, il ne s’habituait pas à un tel charabia et s’étonnait fort qu’il ne choquât personne. Dès son premier retour de Paris, il avait eu l’impression, assurément excessive, que la façon dont on s’exprimait en Belgique provenait d’une maladie de la bouche et qu’on en mourait…

— Et dire, observait Joseph Kaekebroeck en riant, que tu as parlé comme ça !

— Est-ce possible ? faisait-il vraiment étonné et incrédule.

C’était un délicat, prompt du reste à se moquer de lui-même, à être agacé tout le premier et même à souffrir de son raffinement. Mais ce langage vicié, sale, cette prononciation baveuse l’incommodaient comme une haleine impure.

Il ne pensait pas qu’il y eût rien à faire chez ses condisciples, tout au moins pour améliorer leur accent ; car le français qu’ils traitaient si mal en parlant, ils l’écrivaient d’ordinaire fort bien. Mais peut-être ne fallait-il pas se décourager à l’égard des petits : ils étaient susceptibles, eux, de recevoir de bonnes empreintes. C’est pourquoi, l’éducation de ses neveux et nièces ainsi que des enfants de son entourage l’intéressait au plus haut point. Il aimait du reste beaucoup les petits et savait les amuser.

La langue trop verte du turbulent Alberke lui semblait devoir être maîtrisée, et déjà il veillait aussi à ce que le fameux « petit Parisien », qui