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Page:Courouble - Les Deux Croisières, 1928.djvu/44

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LES DEUX CROISIÈRES

choses primordiales, des facteurs essentiels, à tel point que le reste sur la terre m’a souvent paru du remplissage — du moins quand j’étais petit !

Vive le sucre ! Il calme les élancements de la tristesse ; c’est l’antidote du spleen. Je me rappelle comme jadis, au temps de ma rude captivité de lycéen, le chocolat, les confitures et les gros bâtons d’orge d’un sou m’ont consolé et raffermi l’âme en dérive. Le sucre m’a sauvé du suicide…

C’est une histoire émouvante.

Une nuit que je n’en pouvais plus de chagrin, j’attendis le passage du veilleur. Quand, sinistre comme un geôlier avec ses clefs et sa lanterne sourde suspendues à sa large ceinture de cuir, il eut traversé le dortoir d’un pas pesant, étouffé sous ses chaussons de feutre, je résolus d’en finir et de m’ouvrir la veine, comme dans une version latine.

Aussitôt, je me dresse sur mon lit et regarde autour de moi : mes condis-