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Mme KAEKEBROECK À PARIS

départ d’Hippolyte pour le lycée aggravait encore la solitude.

Trois mois déjà qu’il s’en était allé, le cher Benjamin. Comme cette séparation leur était cruelle ! Ils ne s’y habituaient pas. Que ce Noël, qui devait le ramener un instant auprès d’eux, tardait donc à venir ! Les jours traînaient, s’allongeaient de toute leur impatience de le revoir et de le presser dans leurs bras.

Pourtant, Noël s’avoisinait ; déjà la neige était là, plus précoce et abondante que les autres hivers.

Chaque matin la ville se réveillait vêtue d’hermine ; elle demeurait un moment ensevelie et quiète sous sa blanche fourrure. Les voitures roulaient bas, dénoncées seulement par les clarines de l’attelage ; on n’apprenait l’existence des passants que par leur tousserie ou le son étouffé de leur voix. Et puis soudain, le silence rompait : des pelles raclaient les trottoirs, on semait le sel à brassées et dans la rue bruyante, subitement