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PAULINE PLATBROOD

son tour un doigt sur sa bouche, quand la nuit envahit la salle et derrière les portes une voix chanta à la cantonnade :

— On commence !

Et cette ombre subite lui fut douce, tant son âme avait été remuée par l’invisible caresse de la jeune fille, tant elle avait besoin de se recueillir…

Cependant, après un court prélude, les rideaux s’ouvrirent sur le quatrième acte : mais ce qu’on jouait là sur la scène, Suske ne le savait pas. Pressé, comprimé au milieu des smokings qui encombraient l’étroit passage, il n’écoutait pas, il ne regardait pas, enfoncé dans les délices de son baiser. Parfois pourtant, sous l’empire d’une attirance invincible, il tournait la tête du côté de l’entre-colonnes, et il devinait Pauline à la douce clarté de sa robe blanche, au fugitif éclair d’une lorgnette qu’elle ajustait vers lui.

Et il avait peur de rêver, tant sa félicité était absolue !