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Page:Courteline - Bourbouroche. L'article 330. Lidoire. Les balances. Gros chagrins. Les Boulingrin. La conversion d'Alceste - 1893.djvu/19

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111 bis, au quatrième sur la rue, une personne appelée Adèle ?

Boubouroche, surpris de plus en plus.

Mais…

Le monsieur.

Répondez franchement, oui ou non. Je vous dirai pourquoi après.

Boubouroche, vaguement inquiet.

Soit ! — Il est en effet exact que cette dame est… mon amie.

Le monsieur.

C’est tout ce que je voulais savoir. (Très aimable.) Eh bien ! monsieur, elle vous trompe.

Boubouroche, sursautant.

Elle me… — Asseyez-vous donc, monsieur… Voulez-vous prendre un distingué ? (Mimique discrète du monsieur.) Si fait ! Si fait ! (Au garçon.) Deux distingués, Amédée. — Expliquez-vous, monsieur, je vous prie.

Boubouroche est fiévreux. Le monsieur, lui, très calme, a pris la chaise de Potasse.

LE MONSIEUR. — Ernest Boubouroche ?
Le monsieur.

Combien je suis fâché, monsieur, d’avoir à vous gâter aussi complètement que je vais avoir l’honneur de le faire, les illusions où vous vous complaisez ! La sympathie que vous m’inspirez me rend singulièrement pénible la mission — vile en apparence, en réalité profondément charitable, philanthropique et fraternelle, dont j’ai fait dessein de m’acquitter. Mais quoi, je suis ainsi bâti ! j’estime qu’on ne saurait sans crime sacrifier la dignité d’un honnête homme à la fourberie d’une petite farceuse qui lui carotte son argent, lui gâche en injustes querelles le peu de jeunesse qui lui reste, et se fiche outrageusement de lui, — si j’ose parler un tel langage.

Boubouroche, anxieux.

Cette histoire ?…

Le monsieur.

Cette histoire, qui est hélas ! celle de tant d’autres, est la vôtre,