Page:Courteline - L'illustre Piégelé, 1904.djvu/71

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que vous vous ferez une fête de tendre à ma détresse une main secourable.

Veuille le ciel qu’elle ait dit vrai !

Monsieur le Député, je vais tout vous dire. C’est par la sincérité seule que je réussirai, je l’espère, à trouver le chemin de votre cœur. J’ai commis une faute, Monsieur le Député, une faute grave, si grave, tellement grave, qu’à la pensée d’en faire l’aveu, je sens, le rouge me monter au front. J’ai été… — mon Dieu, quelle humiliation ! — … en un mot, j’ai été surprise en flagrant délit de ce que vous savez, avec mon neveu le petit collégien, un gamin de dix-sept ans et demi !…

Vous allez dire : « Mais c’est honteux ! »

Je le sais, Monsieur le Député, et si je pouvais racheter mes torts d’une pinte de mon sang ou d’une livré de ma chair !…

Pourtant, vous ne sauriez me condamner sans m’entendre.

Il faut être juste, n’est-ce pas ? Il faut savoir faire la part des fatalités de la vie.

Oui, c’est honteux ! Oui, vous avez raison ! Oui, je suis la plus vile des femmes ! Mais le repentir efface tout, et puis, je ne dois pas vous le taire davantage, je n’ai péché que par imprudence. Oh ! pour ce qui est de ça, je puis vous le jurer sur ce que j’ai de plus sacré