Page:Courteline - Les Linottes, 1899.djvu/155

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fiche ; d’ailleurs résignée, d’un mot, aux petites traîtrises des choses : « Ah ! et puis, qu’est-ce que ça peut faire ? Vous êtes mon auteur, après tout ! » : envisagé particulier dont le poète de Madame Brimborion prisa très fort la sagesse.

— Mais oui, mais oui, dit ce bon jeune homme une paternité dans la voix. L’auteur et le médecin, ça ne compte pas ! – C’est égal, vous vous y entendez, à cacher le dessous de vos cartes ! En voilà, une petite sournoise !

Historiographe consciencieux des faits et gestes des fantoches dont nous achevons de crayonner les silhouettes, nous pousserons le culte du vrai jusqu’à reconnaître qu’Hélène eût pu utiliser ses bas comme cuissards sans que les mailles tendues à l’excès courussent le risque d’éclater. Elle pensa défaillir d’orgueil aux sous-entendus de ces propos empreints de la plus vile flagornerie, et elle réfugia tant bien que mal son embarras bien naturel dans un méli-mélo confus de coq-à-l’âne.

— Oui, c’est gentil… – Asseyez-vous donc… – d’être venu… – Pas cette chaise-là… – N’est-ce pas que je les dis comme il faut… – Elle a un pied qui remue… – mes couplets… – et l’autre qui ne va guère… – des granules ?… – D’ailleurs, la pièce est charmante !… – Je vous fais attendre… Pardon !… J’en ai pour cinq minutes au plus.

Un sopha bas longeait le mur de la loge : il la reçut assise, toute dansante. Elle saisit le petit pantalon qui chevauchait le dossier d’une chaise prochaine : un pantalon de linon blanc où serpentaient, en mauve suave, des faveurs de boîtes de dragées. D’un coup de reins qui la mit les quatre fers en l’air, elle en passa à la fois les deux jambes, ripostant gaiement : « Bah ! tant pis ! Vous n’en perdrez pas la vue ! » aux exclamations