Page:Courteline - Les Linottes, 1899.djvu/44

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aintenant, au cœur saignant d’un petit oiseau – il en posa, comme des baisers, les lentes syllabes murmurées à peine ; tant et si bien qu’il allait peut-être mourir pour avoir trop donné de soi, quand se décrocha de nouveau l’ingénieux mouvement d’horlogerie contenu aux flancs du stéréoscope.

Alors la farce fut jouée. Comme dit l’autre : les carottes furent cuites. Sainte Marthe fit la culbute, et, à sa place, ce fut une petite silhouette rousse, qui se tordait de rire, les jupes en l’air, au bord d’un lit, cependant que pour la punir de lui avoir tiré la langue, un jeune homme qui ressemblait à Cozal comme un frère lui chatouillait la plante des pieds. Un vaste panier de blanchisseuse empli de linge soigneusement plié parfaisait ce tableau symbolique.

À cette vue :

— Eh ! mais c’est juste, se dit l’amant de Marthe Hamiet. C’est le jour d’Anita, au fait.

Il renifla, ravala un sanglot, essuya ses yeux à sa manche.

— Allons, soyons homme, dit-il. Il faut nous quitter, ma chérie.

— Tu me renvoies ? demanda, en se relevant, Marthe que ne laissait pas de surprendre ce passage sans transition du déluge à l’accalmie.

— Je ne te renvoie pas, tu le sais bien, répondit Robert Cozal. Seulement, voilà : j’ai à faire. Il faut que je sois à midi rue… Laffitte.

Tout aussi bien eût-il pu dire : « Carrefour de l’Observatoire » ou « Boulevard de la Contrescarpe » ; ça ne lui eût pas coûté plus cher. Prudent toutefois, en ingénu roué qu’il était, il coupa court à une interrogation possible ; lui-même, il questionna :