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Page:Courteline - Un client sérieux, 1912.djvu/103

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Elle. — Ah ! aouat !

Lui. — Que je le repince, ce monsieur ; qu’il me retombe jamais sous la main… Je lui flanquerai une petite leçon de savoir-vivre qui lui ôtera l’envie d’en recevoir une seconde.

Elle. — Tu dis des bêtises.

Lui. — Je lui referai une éducation, moi, à ce monsieur.

Elle. — Mais oui, mais oui.

Lui. — Avec mon pied dans le derrière.

Elle. — C’est convenu.

Lui. — Tu ne me crois pas ?

Elle. — Je ne fais que ça.

Lui. — Tu ne fais que ça, seulement tu n’en penses pas un mot. Eh bien ! Que je dégotte son adresse, j’irai lui dire comment je m’appelle, tu verras si ça fait un pli.

Elle. — C’est au point que, si on te la donnait, tu irais le gifler de ce pas.

Lui. — De ce pas.

Elle. — Homme intrépide !… — La veux-tu ?

Lui. — Quoi ?

Elle. — Son adresse.

Lui. — Tu as l’adresse de ce monsieur ?

Elle, qui enfin éclate. — Oui je l’ai ! et puis tu m’assommes ! (Elle saute du lit, s’empare de son carnet de bal, qu’elle a déposé sur le chiffonnier, près du lit, et en feuillette les pages d’une main fiévreuse.) Et puis, oui, il ne me déplaît pas ! Et puis, oui, il m’a fait la cour ! Et puis, oui, il m’a dit de toi que tu avais une bonne tête de…

Lui. — Une bonne tête de quoi ?

Elle. — Une bonne tête…, une bonne tête…, tu sais parfaitement ce que je veux dire…

Lui. — Pardon !…

Elle. — Et puis oui, je suis une honnête femme ! Et puis oui, tu ne seras satisfait que le jour où je serai devenue autre chose ! Et puis oui, il m’a remis sa