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Page:Courteline - Un client sérieux, 1912.djvu/104

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carte ! et cette carte la voici ! et tu sais maintenant où le trouver et tu peux y aller tout de suite, lui casser les reins à ce monsieur !

Lui, formidable. — Sa carte ! sa carte ! Je me fous de sa carte comme de lui-même, ce qui n’est pas peu dire. Tiens, voilà ce que j’en fais, de sa carte : des confetti ! — Polisson ! Drôle !… qui a le toupet de donner son adresse à une femme mariée…

Elle, très sèche. — Mais…

Lui. —… et qui se permet de dire de moi que j’ai une bonne tête de !

Elle, qui se recouche. — Si c’est son opinion.

Lui. — Je l’en ferai changer avant qu’il soit l’âge d’un cochon de lait, et pas plus tard qu’à l’instant même. (Même jeu de scène que précédemment. Il a couru à son pardessus qu’il a enfilé précipitamment. Il se coiffe de son chapeau.) Qu’est-ce que j’en ai fait de cette carte ?

Il fouille ses poches.

Elle. — Rue Grange-Batelière, 17.

Lui, sourd comme un pot. — Nom d’un chien, je l’ai égarée ! ces choses-là n’arrivent qu’à moi.

Elle. — Rue Grange-Batelière, 17.

Lui, de plus en plus sourd. — Il n’y a de la veine que pour la canaille, on a bien raison de le dire.

Elle. — Rue Grange-Batelière, 17.

Lui. — Quoi, rue Grange-Batelière ? Quoi, rue Grange-Batelière ? Est-ce que tu vas me raser longtemps avec ta rue Grange-Batelière ? (Enlevant violemment son pardessus et son chapeau.) D’abord qu’est-ce que c’est que ces façons d’élever la voix lorsque je parle et de causer en même temps que moi ?

Elle. — Ce monsieur…

Lui, qui bondit