Page:Couturat - Le principes des mathématiques, La Philosophie des mathématiques de Kant (1905) reprint 1980.djvu/287

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démonstrations que celles qui s’appuient sur l’intuition. Ou bien il y a là une simple question de mots, c’est-à-dire une définition nominale et arbitraire du mot démonstration ; ou bien c’est une erreur palpable, car on ne peut nier qu’il n’y ait des démonstrations purement logiques et intellectuelles, et Kant ne serait sans doute pas allé jusqu’à soutenir que la valeur du syllogisme est fondée sur l’intuition.

LES JUGEMENTS GÉOMÉTRIQUES.

Il nous reste à discuter la théorie de Kant au sujet de la Géométrie. S’il y a une science qui paraisse reposer sur l’intuition, c’est bien celle-là, puisque c’est la science de l’espace ; aussi bien des mathématiciens-philosophes, qui considèrent l’Analyse comme une science pure et a priori, regardent-ils la Géométrie comme une science empirique ou du moins intuitive. Cela prouve en tout cas qu’il y a lieu de séparer la Géométrie de la science générale des grandeurs, et qu’on ne peut pas conclure de l’une à l’autre.

Ici encore, c’est par des exemples que Kant essaie d’établir sa thèse. Nous serons donc obligé de les examiner tour à tour. Pour montrer que les jugements géométriques sont synthétiques, il cite cette proposition : « La ligne droite est la plus courte entre deux points. » En effet, dit-il, mon concept de droite ne contient rien de quantitatif, mais seulement une qualité. Le concept quantitatif de « le plus court » ne peut donc être contenu dans le sujet, ni en être tiré par analyse ; il ne peut lui être adjoint que par une synthèse fondée sur l’intuition.

Demandons-nous d’abord quelle est pour Kant la valeur méthodologique de la proposition citée ; est-ce une définition, un axiome ou un théorème ? Il semble que ce soit un axiome, car il parle de « principe » (Grundsatz). Eh bien ! ce n’est [