Page:Couturat - Le principes des mathématiques, La Philosophie des mathématiques de Kant (1905) reprint 1980.djvu/298

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289] sur des images, mais sur des schèmes ? Cela résoudrait la difficulté, car, tandis que les images sont particulières, les schèmes sont généraux comme le concept lui-même ; Kant dit que nos « concepts sensibles purs » (c’est-à-dire les concepts géométriques) reposent, non sur des images, mais sur des schèmes, parce qu’aucune image ne peut être adéquate au concept de triangle ni atteindre à sa généralité (B. 180). Mais, d’abord, cette théorie paraît difficile à concilier avec l’assertion répétée que la mathématique construit ses concepts in concreto (B. 743), qu’elle considère le général dans le singulier (B. 742). Cependant on lit au même endroit : « La figure singulière qu’on a dessinée est empirique, et cependant elle sert à exprimer le concept malgré sa généralité, parce que dans cette intuition empirique on ne regarde jamais que l’acte de la construction du concept, auquel sont tout à fait indifférentes bien des déterminations, comme la grandeur des côtés et des angles, et par suite on fait abstraction de ces diversités, qui ne changent pas le concept du triangle » (B. 742). Ce passage prouve que Kant a vu la difficulté, mais non qu’il l’ait résolue. Car de deux choses l’une : ou bien l’on raisonne sur la figure singulière (dans l’intuition a priori ou empirique, peu importe), et alors le raisonnement manque complètement de généralité ; ou bien on raisonne sur le schème général dont cette figure n’est qu’une [290]