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Page:Création, octobre 2019, 4.djvu/14

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Nous avons dit plus haut que le blocage de la situation politique du pays appelait une intervention extérieure au paysage politique constitué : le prétendant peut être cet outsider, mais il n’aura pas la tâche facile. Essai de politique fiction Plus largement, au-delà des mois à venir, où se dirige la France ? Il est impossible de dire précisément où nous allons tant la situation semble confuse, mais l’on peut se hasarder à plusieurs hypothèses : - La « logique historique » voudrait que du désordre dans lequel la plupart des démocraties oligarchiques finissent par se vautrer sous le poids de leurs contradictions émerge in fine (et après quelles péripéties ?) un régime dictatorial autoritaire. C’est ce que semble craindre une partie de l’intelligentsia amalgamant dès le début de la mobilisation « gilets jaunes » et « chemises brunes ». C’est l’hypothèse à la soixante-huitarde contre laquelle l’école de la république, quelques vedettes du show business et autres artistes engagés mettent en garde leur public depuis 50 ans. Il est difficile de dire si ce régime s’avèrerait populiste « de droite » ou de « gauche » mais il entrerait en conflit avec l’UE dans presque tous les cas de figure. - Néanmoins, Big Brother a été depuis longtemps ringardisé par le meilleur des mondes et Big Mother semble avoir de beaux jours devant i.e.l.le. Il est tout à fait envisageable que la démocratie parvienne à se redéfinir (dans le cadre ou non d’une « 6e république ») dans une formule radicalement progressiste mais d’autant plus conflictuelle : une démocratie plus directe communautarisée (sexes, ethnies, religions, orientations sexuelles) et fondée sur les thèmes aujourd’hui minoritaires des luttes intersectionnelles (un cauchemar arc-en-ciel à la « Evergreen »). Le tout, évidemment, soluble dans l’Union Européenne. - Il ne faut pas exclure le maintien indéfini du statu quo par l’épuisement des énergies de part et d’autre et de la dilution progressive de la France dans l’Union Européenne et son déclassement mondial. Ce maintien indéfini du statu quo pourrait avoir une autre conséquence désastreuse : devant le dégoût suscité par l’absence de résultat par la voie des urnes et des manifestations, on peut ne pas exclure le basculement d’une partie des radicaux déçus dans le terrorisme (ce qui demeure, très peu probable) ou en tous cas, dans les formes d’action beaucoup plus violentes et ciblées (attaque d’élus dans leurs personnes et non plus dans leurs biens par exemple). Nous pourrions mentionner la prise d’otage, qui n’a, heureusement, pas fait de victime, à Toulouse, au moins d’avril dernier, et dont l’auteur se présentait comme membre de la « branche armée » des gilets jaunes. Il ne faut pas oublier que l’État s’est considérablement déconsidéré par des années de laxisme et de faiblesse face à la délinquance quotidienne, aux émeutes urbaines (laxisme disparaissant comme par magie quand il s’agit de faire des gardes à vues préventives, de juger en comparution immédiate des manifestants-dans un pays où l’incendie de milliers de voitures la nuit du nouvel an est devenu une « tradition »…). Une partie des gilets jaunes, tirant la leçon de ces dernières années, avait compris que pour être pris en compte, la violence pouvait s’avérer payante… Une montée d’un cran de la violence n’est donc pas à exclure.