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Page:Création, octobre 2019, 4.djvu/15

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Le nationalisme a toujours eu beaucoup de mal à se constituer en mouvement insurrectionnel et toujours ou presque, a été, et s’est même cantonné, à un conservatisme qui ne peut voir que s’accumuler les défaites, inéluctablement. Voyons le peu qui lui reste partir, la sonnette d’alarme est tirée et l’urgence d’un changement se fait alors pressant dans la population. D’après un sondage de l’IFOP du 4/12/2018, une majorité de personnes (60%) en France pense que l’immigration n’est plus possible à cause d’une différence de valeurs trop fortement marquée et une cohabitation difficile, 70% encore, pensent que le pays ne peut plus accueillir. D’après d’autres études, militaires et policiers voteraient en majorité Rassemblement National qui fait depuis des décennies de l’immigration son sujet phare et qui est, de manière générale, le sujet le plus associé au nationalisme, celui qui rassemble, là où l’institutionnalisation de l’état, l’économie, les sujets sociaux ou même sociétaux, divisent. Enfin, il est celui qui le distingue et le confronte aux autres partis. Chaque chose cherche à persévérer en son être et les peuples n’en font pas exception. L’immigration met aujourd’hui en danger cette perpétuation par l’établissement ad vitam de populations étrangères tout en soulignant la fragilité des populations locales non protégées, voire -presque paradoxalement- condamnées jusqu’à la négation par l’Etat républicain. Les sondages de ce type se multiplient depuis des années et nombre se demandent, pourquoi -avec de tels chiffres- une politique nationaliste ne serait pas au pouvoir tant ils reflètent ce que requiert tout pouvoir : l’assentiment de la population et la force nécessaire. Des causes absentes Si la révolution est possible en puissance elle n’est pas dans les faits et il nous faut alors savoir comment arriver à concrétiser cela. Alain Damasio a mis en évidence la faillite de la seule raison et la nécessité de l’émotion pour établir une action. Pourtant, à bien y regarder, certaines craintes et paroles identitaires viennent davantage d’un ressenti que d’une quelconque conceptualisation. Beaucoup aimeraient un changement, tout autant attendent, pourtant désarmés, avec espoir ou certitude, ce moment-là. L’émotion ne semble pas ici suffisante pour faire advenir ce changement, le mettre en acte. Au-delà de l’émotion on sait également que l’action peut être primordiale, avant tout raisonnement. On voit ici l’impasse tautologique qui nous guette : pour faire ceci il faut que je fasse cela, et pour cela il faudrait alors que je fasse ceci. Non. Car ceci n’est pas égal à cela. Dans les processus d’engagement il est une technique bien connue : celle du pied dans la porte. Elle consiste à demander en premier lieu une chose peu coûteuse, qui sera vraisemblablement acceptée avant d’en demander une deuxième davantage coûteuse. Le pourcentage de réponse positive à cette deuxième requête est alors dopé. Cette première réponse, véritable amorce, prédispose à une réponse positive ultérieure.