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LE SOPHA

— « Ah, Mazulhim ! s’écria-t-elle, que nous serions heureux si vous pensiez ce que vous me dites ! S’il est vrai que vous m’aimiez, vous m’aimerez toujours ! »

« À ces mots, elle se pencha sur Mazulhim, et en le serrant tendrement dans ses bras, elle approcha sa tête de la sienne. La plus tendre ivresse était peinte dans ses yeux, et bientôt Mazulhim, par ses transports, en pénétra toute son âme. Dieux ! quels yeux, quand il eut achevé de les troubler ! Je n’avais jamais vu les mêmes qu’à Phénime.

« Quelque préparée qu’elle fût cependant à rendre Mazulhim l’amant du monde le plus heureux, elle ne put, sans se ressouvenir de ses craintes, et peut-être de sa vertu, le voir si près de son bonheur.

— « Vous ne doutez pas que je ne vous aime, lui dit-elle, en lui opposant la plus faible résistance ; mais ne pouvez-vous…

— « Ah ! Zéphis ! interrompit-il, Zéphis ! pouvez-vous craindre encore de me prouver votre tendresse ? »

« Zéphis soupira et ne répondit rien : plus vaincue par son amour qu’elle n’était persuadée de celui de son amant, elle céda enfin à ses désirs. Trop heureux Mazulhim ! Que de charmes s’offrirent à ses regards, et combien la pudeur de Zéphis n’en augmentait-elle pas le prix ! Aussi Mazulhim m’en parut-il vivement frappé ; tout l’étonnait, tout était en Zéphis