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LE SOPHA

— « Levez-vous ! lui dit-elle avec le plus doux sourire ; je suis plus heureuse que je ne le pensais. »

« Mazulhim, à ce discours, qui ne lui parut qu’insultant, s’efforça, mais vainement, de prouver à Zéphis qu’il ne méritait pas qu’elle eût de lui l’idée qu’elle semblait en avoir prise. Forcé enfin de se rendre justice :

— « Hélas ! Madame, lui dit-il, d’un ton qui me fit rire, c’est que vous m’avez attristé ! — « Votre trouble me divertit, répondit Zéphis, mais votre douleur m’offenserait. Il serait trop cruel pour moi, que vous crussiez mon cœur blessé…

— « Ah ! Zéphis ! interrompit Mazulhim, qu’il est affreux d’avoir tort avec vous, et difficile de s’en justifier !

— « Cessez donc de vous affliger ! répondit tendrement Zéphis. Je crois que vous m’aimez, je ne le crois même que depuis un instant, et vous ne pouviez mieux me prouver votre tendresse que par les choses que vous vous reprochez. »

— Ah ! cela, comme l’on dit, est bon pour le discours, dit le Sultan ; mais dans le fond de l’âme, cette dame-là n’était sûrement pas contente. Premièrement, c’est que par soi-même cela est affligeant, et qu’il y a apparence que ce qui afflige toutes les femmes n’en saurait divertir une, ou du moins vous conviendrez qu’en ce cas-là elle serait bien capri-