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LE SOPHA

l’on doit d’égards et de ménagements à ses anciens amis : d’ailleurs, vous n’ignorez pas qu’aujourd’hui c’est un usage établi de former autant d’affaires que l’on peut, et d’accorder tout à ses nouvelles connaissances, sans pour cela retrancher rien aux anciennes. Vous trouverez bon que les choses s’arrangent comme j’ai l’honneur de vous le dire, et que je regarde ce point-là comme très décidé entre nous. »

« À ce honteux marché, Zulica, très digne qu’on le fît avec elle, s’offensa pourtant de ce que Mazulhim osait la croire capable de ce qu’elle faisait tous les jours, et voulut le prendre avec lui sur un ton de dignité qui, ne la rendant que plus misérable, ne l’encouragea que plus à ne la pas ménager.

— « S’il n’était pas si tard, lui dit-il, je vous prouverais que loin que vous ayez à vous plaindre de moi, vous avez mille remerciements à me faire. Je n’ignore pas que Zâdis a passé hier chez vous, et seul avec vous, toute la journée et une grande partie de la nuit. Plus curieux que je n’étais jaloux, et sûr que vous manqueriez à la parole que vous m’aviez donnée de ne le jamais revoir, je vous ai fait observer tous deux…

— « Il n’était pas besoin, interrompit-elle, que vous en prissiez la peine. Je n’ai point prétendu me cacher, et le motif qui m’a fait recevoir hier Zâdis chez moi ne peut jamais que me faire honneur.