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Page:Crébillon (Fils) - Le Sopha.djvu/257

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LE SOPHA

employé à tâcher de calmer Zâdis : il était aujourd’hui d’une gaieté charmante. Zâdis gai ! cela vous paraît-il concevable ? Si, comme je me garderai bien d’en douter, vous me dites vrai, ou vos conseils ont eu bien de l’empire sur lui, ou, pour vous regretter aussi peu qu’il le fait, il fallait qu’il vous aimât bien faiblement. Si l’un fait honneur à votre esprit, l’autre en fait assez peu à vos charmes ; mais je ne vous afflige pas, vous savez à quoi vous en tenir là-dessus. À tout événement, vous deviez bien lui recommander de paraître triste au moins pour le temps que vous pouviez avoir besoin de me tromper. »

« Zulica, à ces paroles, voulut essayer de se justifier ; mais Mazulhim l’interrompant :

— « Tout ce que vous pourriez me dire, Madame, lui dit-il, serait inutile. Épargnez-vous une justification que je ne vous demande, ni ne veux recevoir, et qui vous coûterait sans me satisfaire. Adieu, ajouta-t-il en se levant ; il est tard, et nous devrions déjà nous être séparés. Ah ! à propos, que ferez-vous de Nassès ? »

« Zulica, à cette question, parut étonnée.

— « Ce que je vous demande, poursuivit-il, me paraît sensé. Vous vous êtes quittés mal ; et il me semble qu’en cela vous avez manqué de prudence. Si vous faites bien, vous le reverrez ; croyez-moi, évitez un éclat. Il ne doit pas vous être plus difficile de le garder