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LE SOPHA

en le haïssant, qu’il ne vous l’a été de le prendre sans l’aimer. Si vous vous obstinez à ne le pas revoir, il parlera peut-être, et quoique rien assurément ne soit si simple que ce que vous avez fait, il se trouverait des gens assez noirs, assez injustes pour vous donner le tort, et pour faire d’une chose tout ordinaire l’histoire la plus singulière et la plus ridicule. Ce n’est pas, dans le fond, ce qu’on en dira qui doit vous inquiéter ; quand on porte un certain nom, une affaire de plus ou de moins n’est pas une chose à laquelle on doive regarder de si près : mais c’est qu’il faut éviter de se faire des ennemis. Demain, je vous le présenterai.

— « Moi, s’écria-t-elle, je vous reverrais ?

— « Eh oui ! répondit-il en lui présentant la main pour descendre, il faudra prendre cela sur vous. Si par hasard Zâdis est assez extraordinaire pour le trouver mauvais, comptez sur moi : ou il sera forcé de vous quitter, ou il s’accoutumera à la fin à nous voir faire assidûment notre cour. »

« En achevant ces paroles, il lui offrit encore la main, et voyant qu’elle s’obstinait à la refuser :

— « Quelle misère ! lui dit-il, en la lui prenant malgré elle ; vous faites l’enfant à un point qui n’est pas supportable ! »

« Alors ils sortirent.

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