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LE SOPHA

pour connaître toute la force de la confidence qu’elle allait lui faire, après s’être encore faiblement défendue contre ses empressements, elle lui avoua qu’un moment avant qu’il entrât, s’étant endormie, elle l’avait vu, mais avec des transports dont elle n’avait jamais eu d’idée.

— « Étais-je entre vos bras ? lui demanda-t-il en la serrant dans les siens.

— « Oui, répondit-elle en portant sur lui des yeux troublés.

— « Ah ! continua-t-il avec une extrême émotion, vous m’aimiez plus alors que vous ne m’aimez à présent !

— « Je ne pouvais pas vous aimer plus, répliqua-t-elle, mais il est vrai que je craignais moins de vous le dire.

— « Après ? lui demanda-t-il.

— « Ah ! Phéléas ! s’écria-t-elle en rougissant, que me demandez-vous ? Vous étiez plus heureux que je ne veux que vous le soyez jamais, et vous n’en étiez pas moins injuste. »

« Phéléas, à ces mots, ne pouvant plus contenir son ardeur, et devenu plus téméraire par la confidence que Zéïnis lui avait faite, se soulevant un peu et se penchant sur elle, fit ce qu’il put pour approcher sa bouche de la sienne. Quelque hardie que fût cette entreprise, Zéïnis peut-être ne s’en serait pas offensée ; mais Phéléas, uniquement occupé