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Page:Crébillon (Fils) - Le Sopha.djvu/277

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LE SOPHA

voyant, elle se laissa tomber sur moi en poussant un profond soupir. Il courut se jeter à ses genoux, lui prit tendrement la main, et n’osant la baiser, il l’arrosa de ses larmes.

— « Ah ! levez-vous ! lui dit Zéïnis sans le regarder.

— « Non, Zéïnis, lui dit-il, c’est à vos pieds que j’attends mon arrêt ! Un seul mot… Mais vous pleurez ! Ah ! Zéïnis ! Est-ce moi qui fais couler vos larmes ? »

« La barbare Zéïnis, en ce moment, lui serra la main, et, tournant vers lui des yeux que les pleurs qu’ils versaient embellissaient encore, soupira sans lui répondre. Le trouble qui régnait dans ses yeux ne fut pas plus obscur pour Phéléas qu’il ne l’était pour moi-même.

— « Ciel ! s’écria-t-il en l’embrassant avec fureur, serait-il possible que Zéïnis me pardonnât ? »

« Zéïnis garda encore le silence. Hélas ! Phéléas ne perdit rien de ce qu’il semblait lui dire, et sans interroger davantage Zéïnis, il alla chercher jusque sur sa bouche l’aveu qu’elle semblait lui refuser encore.

« En cet instant, je n’entendis plus que le bruit de quelques soupirs étouffes. Phéléas s’était emparé de cette bouche charmante où mon âme un instant avant lui… Mais pourquoi rappelé-je un souvenir encore si cruel pour