Aller au contenu

Page:Crébillon (Fils) - Le Sopha.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
40
LE SOPHA

convenablement logée. On se moquerait de moi, si une fille de qui je me mêle n’était pas d’une façon à se faire respecter. »

« Après ces paroles, il s’assit sur moi, et la tirant sur lui brusquement, il prit avec elle toutes les libertés qu’il voulut ; mais comme il avait plus de libertinage que de désirs, elles ne furent pas excessives.

« Amine, que j’avais vue haute et capricieuse avec les seigneurs qui allaient chez elle, loin de prendre avec Abdalathif des airs familiers, le traitait avec un extrême respect, et n’osait même le regarder que quand il paraissait désirer qu’elle le fît.

— « Vous me plaisez assez, lui dit-il enfin, mais je veux qu’on soit sage. Point de jeunes gens, des mœurs, une conduite réglée ; sans tout cela, nous ne serions pas longtemps bons amis. Adieu, petite, ajouta-t-il en se levant ; demain vous entendrez parler de moi : vous n’êtes point meublée de façon qu’on puisse aujourd’hui souper avec vous ; j’y vais pourvoir, bonjour ! »

« En achevant ces mots, il sortit. Amine le reconduisit respectueusement, et revint sur moi se livrer à toute la joie que lui causait sa bonne fortune, et compter, avec sa mère, les diamants et les autres richesses qu’elle attendait le lendemain de la générosité d’Abdalathif.

« Cette mère, qui, quoique femme d’honneur,