Page:Crébillon - La Nuit et le Moment.djvu/207

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repliquai-je avec un feint emportement, vous verrez. Là-dessus nous descendîmes de carrosse, moi l’appellant marquise le plus familiérement du monde, & pour ne lui laisser aucun doute sur mes intentions, lui serrant de toutes mes forces la main que je lui tenois. Oh ! tant qu’il vous plaira, Monsieur le Comte, me dit-elle, tout bas ; mais vous n’en partirez pas moins, je vous assûre. En honneur ! lui répondis-je, je ne vous conseille point de me le proposer, si vous ne voulez pas vous exposer à une scène qui pourroit ne vous être pas agréable. Dans le fond, comme je vous l’ai dit, je l’effrayois, & la peur qu’elle eut qu’en effet je ne fisse un éclat, la détermina, mais avec toute l’humeur imaginable, à passer avec moi dans ce petit cabinet que vous connoissez, & qui donne sur le jardin. Elle se mit d’abord à s’y promener avec une sorte de fureur. Sûr que cette promenade l’ennuyeroit bientôt, je ne m’y opposai pas, & debout, les yeux