Page:Crébillon - La Nuit et le Moment.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CIDALISE.

Quoi ! lui arriva-t-il encore de changer d’avis ? En vérité ! je le voudrois.

CLITANDRE.

Oh ! que non ! Ce que j’ai encore à vous dire, est d’une bien plus grande beauté ; mais tout admirable que cela est, je ne veux pourtant pas trop vous le faire attendre.

Dans l’instant que j’allois quitter Luscinde, & que nous ne nous faisions plus que de très-foibles protestations d’amitié, il me parut plaisant d’en obtenir encore des faveurs, malgré l’amour ardent dont alors elle brûloit pour Oronte. Cette idée me parut à moi-même si singulière, & si peu faite pour réussir, moi ne voulant employer ni menaces ni violence, que je crus ne pouvoir trop finement la mettre en œuvre. Je feignis donc de la regarder avec plus d’ardeur que jamais. Je poussai de profonds sou-